Samedi 20 avril 2024
L’ENCYCLOPEDIE PRATIQUE DE LA FRANCHISE
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Portrait Jean-Claude Puerto Salavert

Jean-Claude Puerto Salavert : « La grande satisfaction de pouvoir réunir des énergies entrepreneuriales qui seraient peut-être restées méconnues »

 

 

Jean-Claude Puerto Salavert possède une authentique vision de l’entrepreneuriat et de notre société.

Son parcours, de la franchise à la transmission de son expérience à d’autres créateurs pour développer leur propre idée, est fondé sur une intime conviction : personne n’a le droit de gâcher son talent d’entrepreneur !

Deux familles de facteurs pour créer son entreprise

Fondateur d’Ucar, réseau de franchise de location de voitures low cost, Jean-Claude Puerto Salavert possède une passion pour le phénomène de la création d’entreprise, dans lequel son côté modélisateur trouve à s’exprimer. Fort d’une importante masse d’informations et d’expérience accumulée tout au long d’une riche carrière, il aimerait permettre à la société française de changer, à travers le souffle d’enthousiasme apporté par l’entrepreneuriat.

« Il existe deux familles de facteurs pour créer son entreprise. La première est plutôt d’origine négative, et est inspirée par Ivan Illich. Ce penseur soixante-huitard et nihiliste croyait que le chômage faisait surgir chez les individus touchés des capacités inattendues pour faire face à l’inutilité dans lequel le système pouvait ranger l’individu à un moment donné. La crise serait alors un facteur positif dans l’évolution vers la création d’entreprise, car elle met sur la touche des individus qui n’ont plus que ce choix-là pour s’en sortir et ouvre ainsi des opportunités. La seconde famille de facteurs est plus positive. La création d’entreprise est une discipline extrêmement contraignante qui oblige à se réinventer. Un créateur n’a jamais les qualités de son projet au démarrage. C’est par un phénomène de mutation étonnant, magique et probablement lié à la souffrance qu’il ressent, qu’il se transcende. Il puise alors en lui-même les qualités qu’il ne possède pas, les invente, pour se sortir de l’impasse dans laquelle se trouve tôt ou tard tout créateur. Cette transformation de l’individu, obligatoire à la réussite, est un générateur d’enthousiasme. Ce changement entraîne une redécouverte de la personne, qui va renaître autrement… La création d’entreprise ressemble à la transformation vécue par un bébé, construit en milieu aqueux et qui d’un coup réussit à vivre à l’air libre. Notre société ne changera que parce le nombre des entrepreneurs se démultipliera et que ces derniers insuffleront de l’enthousiasme dans ce monde en mutation », explique Jean-Claude Puerto Salavert.

Mise en garde très sérieuse envers le monde salarié

Jeune chef d’entreprise, dès l’âge de 24 ans, ce natif du Lot-et-Garonne intègre pourtant rapidement une multinationale, Beghin Say, pour apprendre des autres. D’abord directeur administratif et financier d’une raffinerie, il saisit l’opportunité de réaliser un MBA à l’université d’Hardford (Connecticut) offerte par ce grand groupe. Cette expérience lui apporte ses premières convictions sur l’entrepreneuriat :

« J’avais un professeur à l’université, ancien président de multinationale qui affirmait : « il n’y a rien qu’une entreprise multinationale peut faire pour vous que vous ne puissiez faire pour vous ». C’était en fait une mise en garde très sérieuse envers le monde salarié : n’allez pas trop à la facilité, vous risquez de vous gâcher ! Aux Etats-Unis, l’entrepreneur est un héros. Là-bas, toute personne qui a la capacité et le potentiel d’entreprendre n’a d’autre choix que de se lancer dans la création d’entreprise », avoue Jean-Claude Puerto Salavert.
Pouvoir réunir des énergies entrepreneuriales qui seraient peut-être restées méconnues

A 30 ans, de retour de France, il cofonde Ada, une start-up de location de voitures pour le particulier créée par un ancien franchisé de l’enseigne Midas, Jean-Yves Vigouroux. A cette pratique de la franchise, il apporte possède la connaissance théorique de ce système de commercialisation, particulièrement étudiée à travers le modèle Mc Donald’s. 

« La principale différence de la franchise avec la création d’entreprise en indépendant isolé, c’est la capacité de ce système d’affaires à capitaliser sur les expériences. Le geste parfait produit la première fois n’existe pas. Tous les gestes d’un métier ont leurs courbes de progression. En franchise, chaque méthode a été testée, exécutée, améliorée, notamment par les franchisés. C’est un facteur de productivité et de performance formidable ! J’avais remarqué aux Etats-Unis que la location de voitures était beaucoup plus démocratisée qu’en France. En se positionnant Ada sur le discount, je pensais qu’on allait rencontrer  la demande.  La franchise a été le moyen de réaliser cette ambition. On figurait encore parmi les pionniers de ce système. Outils et savoir-faire étaient, pour ainsi dire, développés la veille pour le lendemain. Aujourd’hui encore, beaucoup d’idées réseaux ne voient pas le jour parce que l’on attend de structurer le développement avant de lancer son idée. La franchise apportait déjà la grande satisfaction de pouvoir réunir des énergies entrepreneuriales qui seraient peut-être restées méconnues. Elle rend moins difficile le chemin de la création d’entreprise, et a vocation à préserver l’enthousiasme nécessaire pour s’ouvrir cette voie », insiste Jean-Claude Puerto Salavert.

Retrouver de la rationalité à la pratique de la voiture

En 1997, en désaccord avec le principal actionnaire, arrivé précédemment au capital, Jean-Claude Puerto Salavert quitte Ada. Deux ans plus tard, il fonde Ucar, un concept de location de voitures pensé pour la franchise. Ce projet utopique et ambitieux désire révolutionner la consommation automobile. Positionné sur le low cost et la multi-durée, Ucar est la première à proposer une offre de location longue durée sur 36 mois pour les particuliers. Objectif : permettre à ses clients de choisir la voiture adaptée à son usage du moment.

« Tous les services existent, mais il faut les rendre accessibles au plus grand nombre, comme à travers le low cost. Comme les individus dans leur environnement, les sociétés sont amenées à muter pour développer leur vitalité, sinon elles deviennent moribondes. La collectivité doit faire évoluer sa relation avec l’automobile, encore fondée sur un système de propriété, fortement consommateur d’énergie et producteur de pollution. En renonçant à rouler avec un grand véhicule à plein temps, le plus souvent utile uniquement pour partir en vacances, le client loue une grosse automobile  pour ces rares occasions et se sent plus à l’aise dans une petite automobile louée le temps restant. Pouvoir choisir une voiture adaptée à ses besoins impose une intervention humaine. Ucar est ainsi né. Dans ce concept, la voiture n’est pas un produit fini, mais une matière première, encapsulée dans du service, pour un monde nouveau où chacun pourra accéder aux dernières évolutions technologiques, en particulier au niveau de la sécurité. Pour la collectivité, le service Ucar génère la création d’emplois non délocalisables, et permet de diviser consommation et pollution par deux. Il fait retrouver de la rationalité à la pratique de la voiture, perdue par le système de propriété de l’automobile. C’est un enjeu sociétal, notamment pour les pays en développement comme la Chine ou l’Inde, où j’étudie la possibilité de m’implanter », souligne Jean-Claude Puerto Salavert.

Sortir des systèmes anciens pour survivre à un changement de société

Pour donner vie à son projet, il mobilise à nouveau l’énergie d’entrepreneurs franchisés.

« Un franchisé n’est pas un sous-entrepreneur, mais un entrepreneur de plein exercice, à la seule différence qu’il n’a pas à développer sa propre vision du marché mais doit adhérer à celle de son franchiseur. La franchise ouvre ainsi la discipline de la création d’entreprise à davantage de personnes, en s’appuyant sur leurs énergies pour conquérir des espaces nouveaux. Il faut aujourd’hui sortir des systèmes anciens pour survivre à un changement de société qui génère des opportunités, dans une France où l’on compte cinq millions de chômeurs réels. Plus personne ne peut ignorer que la franchise est un mode d’expression sérieux et professionnel », insiste Jean-Claude Puerto Salavert.

De plus, « on observe dans notre pays un faible engagement des diplômés dans la création d’entreprise. Ceux qui ont le plus reçus de la société ne sont pas ceux qui font forcément face aux impératifs du moment de la société, et l’impératif de créer des entreprises en fait partie. Les grands diplômés sont trop à la recherche de la rente à la sortie de leurs études. Or, la formation est indispensable à un entrepreneur. On constate même une corrélation presque parfaite ente la taille de l’entreprise créée et le  niveau de diplôme du chef d’entreprise. Pour changer cet état d’esprit, la collectivité doit exprimer une reconnaissance claire des créateurs d’entreprise, afin qu’ils deviennent des héros, comme aux Etats-Unis. Je milite d’ailleurs pour l’instauration dans chaque commune d’un monument à la vie, au génie français dans lequel on inscrirait le nom des créateurs de la commune », ajoute Jean-Claude Puerto Salavert.
A 50 ans, la transmission comme moteur

Le sens du devoir, la volonté d’exprimer un ego, la volonté de transmettre un savoir… Jean-Claude Puerto distingue plusieurs moteurs majeurs pour se lancer dans la création d’entreprise.

«Aujourd’hui, en tant qu’entrepreneur, je me vis comme un créateur, au service d’une vision et qui cherche à l’exécuter tel un mobile en quatre dimensions, dans l’espace et le temps. Les moteurs pour créer sont différents selon les âges. A 30 ans, comme ce fut le cas pour moi avec Ada, l’égo domine, l’entrepreneur doit vaincre pour s’affirmer. Seule l’atteinte de ses objectifs apporte de la satisfaction. A 40 ans, quand j’ai lancé Ucar, il y a le besoin de partager avec les autres. Ce sont les succès des franchisés qui apportent de la satisfaction. Maintenant, à 50 ans, mon moteur est d’avantage la transmission, pour accompagner les créateurs sur leur propre idée, en les aidant avec les quelques expériences que j’ai pu accumuler  jusqu’à présent. Je le fais à travers l’Institut Mentorat d’entreprise, une très belle initiative de la CCIP, avec des projets de 3 à 10 millions de chiffres d’affaires par une relation individuelle étalée sur un an et demi. Même si chaque projet est unique, tous les entrepreneurs passent sensiblement par les mêmes étapes. »

Le jour où… une rencontre modifie le cours de la vie d’une entreprise

« Toutes  les rencontres avec un nouveau salarié ou un nouveau franchisé est un jour très important. Chaque personne qui s’est engagée avec moi a finalement construit l’entreprise à mes côtés. Elle est arrivée avec ses compétences, son expérience, sa sensibilité. Par ses caractéristiques, elle va infléchir et enrichir le projet d’entreprise, marquer son évolution. Elle va modifier le cours de la vie de mon entreprise, tout comme le feront d’autres personnes rencontrées hors de l’entreprise. Rien n’est prédestiné. Une entreprise ne se résume jamais à une seule personne. »

Jean-Claude Puerto Salavert en 5 grandes dates

  • 1981 : A 24 ans, Jean-Claude Puerto Salavert crée sa première entreprise, une société de conseil pour l’implantation de grandes surfaces
  • 1983 : Jean-Claude Puerto Salavert devient contrôleur de gestion puis DAF d’une raffinerie au sein du groupe Beghin-Say
  • 1988 : Jean-Claude Puerto Salavert rejoint Jean-Claude Vigouroux à la tête d’ Ada.
  • 1999 : Jean-Claude Puerto Salavert fonde le réseau de franchise Ucar
  • 2009 : Jean-Claude Puerto Salavert aide des jeunes créateurs d’entreprise à faire progresser leur projet à l’Institut Mentorat

Fiche Technique

UCAR

  • Président-fondateur : Jean-Claude Puerto Salavert
  • Création de l’entreprise : 1999
  • Lancement en franchise : 2000
  • Réseau : 250 points de vente dont 120 en franchise, 30 en succursales, 100 en marque blanche
  • Siège : 10 rue Louis-Pasteur à Boulogne-Billancourt (92)
  • L’enseigne est adhérente de la Fédération Française de la Franchise. Ucar est côté sur Alternext depuis juillet 2011.
  • Ouvrage : « Pour le prix de ce livre, vous pourriez avoir une voiture », de Jean-Claude Puerto Salavert (éditions de Cherche-Midi, 2006)

François SIMONESCHI
Rédacteur en chef La Référence Franchise
Auteur du « Guide complet de la franchise 2012 » (éditions L’Express)