Vendredi 26 avril 2024
L’ENCYCLOPEDIE PRATIQUE DE LA FRANCHISE
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Chantal Zimmer (F.F.F)

« La franchise est un domaine de progrès »

 

Née dans le commerce, Chantal Zimmer dirige la Fédération Française de la Franchise comme une entreprise depuis 1985. Règlement d’exemption européen, évolution du salon de la franchise, rayonnement du modèle français de franchise à l’international, initiatives en tous genres (Entretiens de la Franchise, Semaine des Entrepreneurs, Académie de la Franchise)… Elle a modernisé cette organisation professionnelle afin de développer la légitimité de la franchise, notamment auprès de ceux qui veulent créer leur entreprise en donnant du sens à leur vie.

Impliquée très jeune dans les entreprises de ses parents

D’un père industriel dans la distribution d’outillage forestier et d’une mère épicière, Chantal Zimmer a toujours été impliquée dans les affaires de ses parents.

« J’ai rapidement joué à la marchande, en apprenant les tables de multiplication à travers l’activité de l’épicerie familiale. Je me suis naturellement dirigée vers des études de commerce. Après Sup de Co Reims, j’ai restructuré un département de vente par correspondance dans l’entreprise de mon père, avant de créer mon entreprise à Metz, un Garden Center[1]. J’étais née dans les outils, et le marché des loisirs et du plein air se développait bien au début des années 80», indique Chantal Zimmer, déléguée générale de la Fédération Française de la Franchise.

Franchise : acquisition de ses lettres de noblesse à Bruxelles

Après avoir cédé son entreprise, Chantal Zimmer s’installe à Paris et reprend une activité salariée, dans des sociétés spécialisées dans le consulting en management – avec des missions parfois en lien avec la franchise - ou la promotion de locaux industriels et commerciaux.

«Un beau jour, un cabinet de chasseur de tête anglais vient me proposer un poste à pourvoir par un profil d’entrepreneur, et pour une mission très particulière : diriger une organisation professionnelle, la Fédération Française de la Franchise, comme une entreprise. En 1985, la FFF ne comptait qu’une soixantaine d’adhérents, auxquels elle n’apportait pas de services, et ses caisses étaient vides. De plus, suite à l’affaire Pronuptia, la nullité du contrat de franchise était provisoirement reconnue.
Le système de franchise était devenu illicite en Europe au regard du Traité de Rome. Ma mission était donc de reconstruire cette fédération, en lui conférant dynamisme, modernité et éthique, comme on le ferait pour une entreprise. Ce poste de déléguée générale a été initié par de jeunes franchiseurs, qui avaient mesuré la dimension économique que pouvait prendre la franchise en France ainsi que l’importance de la question juridique pour ce système, avec un enjeu passant d’un contexte national à un environnement communautaire.

La construction du raisonnement de défense de notre dossier à Bruxelles avec des juristes de bon niveau a été un moment intellectuellement passionnant. Cela m’a rappelé la façon dont mon père, entrepreneur frontalier, avait gagné des procès similaires concernant les « importations parallèles »sur la même base des articles 85.1 et 85.3 du Traité de Rome. En réexpliquant la franchise sous un angle économique, nous avons démontré qu’il ne s’agissait pas d’un accord illicite entre entreprises, mais que l’entente entre commerçants était verticale et donc pro-concurrentielle sous certaines conditions, dont, entre autres, l’obligation de ne pas imposer les prix de vente. Nous avons abouti en 1988 à un règlement d’exemption européen pour la franchise[2], qui a donné ses lettres de noblesses à cette stratégie de développement des entreprises commerciales en Europe.
On a ainsi défini le rôle du franchiseur et du franchisé dans un réseau, et refondu en conséquence le code de déontologie de la franchise, créé en 1971 par la FFF. D’abord au niveau français pour bénéficier d’une unité de pensée, certaines règles du code de déontologie étant retenues comme bases de fonctionnement du système de franchise pour la jurisprudence. Puis, avec l’avènement du Marché Unique, au niveau européen en 1992, chaque pays ayant le droit de préciser en annexe ses spécificités nationales », explique Chantal Zimmer.

La loi Doubin : protection de celui qui investit sur une enseigne

La loi Doubin, votée le 31 décembre 1989 et dont le décret sera promulgué le 4 avril 1991, bien que non spécifique à la franchise, va, pour ce qui la concerne, moraliser les rapports entre franchiseur et franchisés.

« A la fin des années 80, le développement en franchise explosait et le salon de la franchise connaissait un dynamisme incroyable. Ce mode de développement sera victime de son succès, le vocable « franchise » étant utilisé par de pseudo-franchiseurs. Il fallait remettre de l’ordre, donner les moyens de séparer le bon grain de l’ivraie au-delà du travail réalisé par la FFF pour ses adhérents, afin surtout de protéger l’investisseur qui misait toutes ses économies sur une enseigne qui ne lui appartenait pas.
La Fédération française de la franchise a travaillé avec les services de la Direction du Commerce Intérieur[3] sur la loi Doubin afin que le franchisé soit responsable de ses décisions et qu’il soit donc informé sur l’enseigne et sur ses exigences avant de s’engager avec elle. Ce qui figurait déjà dans notre Code de déontologie et a permis d’affirmer et de confirmer le statut de commerçant indépendant du franchisé.

La recherche scientifique sur la franchise a été lancée en 1996 et a donné lieu à la création des Entretiens de la franchise. Il s’agissait toujours de professionnaliser ce mode de développement. Franchiseurs et franchisés ont appris leur métier sur le tas. Ils avaient besoin d’outils de réflexion et d’analyse pour les aider dans leur efficience. Nous avons donc décidé de lancer la recherche scientifique sur la franchise, dont les résultats ont contribué à la maturité de ce système. Cette démarche avait été soutenue dès son lancement par Jean-Pierre Raffarin, qui l’avait trouvée courageuse, audacieuse et intelligente, au point de la financer en partie pour les deux premières années. Les travaux des chercheurs ont parfaitement décrit la nature de la relation franchisé-franchiseur, ainsi que les compétences organisationnelles et relationnelles spécifiques à la franchise.
Les rôles et prérogatives sont bien cadrés, avec une délégation croisée de pouvoir : le franchiseur est garant de la pérennité du réseau, et le franchisé est l’ambassadeur de l’enseigne sur le terrain. Nous sommes le seul pays à avoir travaillé sur la relation franchisé-franchiseur afin de la préserver et de l’optimiser, ce qui a notamment abouti à la création de l’Académie de la Franchise il y a trois ans par la Fédération française de la franchise. Cela a aussi influé sur le profil des franchisés, qui étaient généralement des autodidactes il y a 20 ans et qui sont aujourd’hui majoritairement des BAC+2 ou +3 », se souvient Chantal Zimmer.

Le projet d’entreprise de la Fédération Française de la Franchise

L’évènement majeur du secteur, aujourd’hui organisé par Reed Expositions pour la Fédération Française de la Franchise, reste Franchise Expo Paris, qui dès sa première édition en 1982 intégrait des stands en forme de boutiques.

« Au début des années 90, le concept du salon de la franchise a été remis à plat afin de permettre au futur créateur de trouver toutes les informations pour construire son projet d’entreprise. Nous avons donc étoffé les conférences, et réussi à attirer banquiers, avocats et autres experts dans un salon qui est le plus important dans le monde en nombre de visiteurs et d’exposants. La France, à travers la FFF, s’est montrée leader sur le plan international, en étant membre fondateur du World Franchise Council et en initiant des fédérations de la franchise en Espagne, au Portugal, au Maroc, au Liban et en Egypte. Ces initiatives s’inscrivent dans le projet d’entreprise de la Fédération Française de la Franchise. Nous établissons tous les ans un plan d’action, avec un rapport d’activité et des objectifs pour l’année suivante, à partir d’un budget défini. Avec trois axes majeurs : promouvoir la franchise sur une base déontologique, faire évoluer la franchise à travers la formation et la recherche, et enfin, défendre la franchise et servir nos 160 adhérents.
Il faut adopter un mode de gouvernance exemplaire, avec des règles strictes, et garder une vigilance de tous les instants pour garantir l’identité et la crédibilité de la franchise. Certaines décisions sont parfois difficiles à prendre pour maintenir l’éthique de notre organisation, notamment avec des personnes qui se sont égarées en termes de déontologie. Mais il faut les assumer et ne pas craindre les critiques, car nous sommes responsables d’un intérêt supérieur, l’engagement pris avec les adhérents de notre fédération.
Décider en son âme et conscience est le socle de toute action de l’être humain. Si l’on commet des erreurs, il faut que ce soit de bonne foi. Dans tous les cas, il est indispensable de préserver de la cohérence entre ce que l’on est et ce que l’on fait, avec des valeurs personnelles telles que la rigueur et la loyauté », insiste Chantal Zimmer.

Créer son entreprise en donnant un sens à sa vie

Véritable laboratoire de l’économie au même titre que les grands réseaux succursalistes, la franchise est un modèle économique en constante évolution pour permettre à ses entrepreneurs indépendants de conserver une longueur d’avance sur la concurrence.

« Je suis une privilégiée. J’ai eu la chance d’avoir gardé la confiance de mon Conseil d’administration, de démarrer à un moment où il fallait tout rebâtir et de m’épanouir professionnellement au quotidien. J’ai l’impression d’être arrivée hier dans un milieu sympathique, très exigeant et attachant. De plus, la franchise est un domaine de progrès puisque nous construisons notre chemin, à travers une activité valorisante : la création d’entreprise, et donc la création d’emplois et de valeurs.
La Semaine des Entrepreneurs Franchisés a d’ailleurs vocation d’interpeler les Français, afin qu’ils ne projettent pas forcément leur avenir professionnel dans le salariat, un modèle confortable qui a atteint ses limites. La franchise permet de créer son entreprise en donnant un sens à sa vie plutôt que de créer par défaut, à travers un système reposant sur la relation humaine et le savoir-être. Car le savoir-faire et le concept marketing mis à disposition par l’enseigne ne suffisent pas. Franchisé et franchiseur doivent posséder un esprit de partage et beaucoup d’humilité, et bien mesurer combien la loyauté va conditionner la confiance dans leur relation.
Depuis 20 ans, la franchise a modernisé d’anciens métiers – comme les chocolatiers ou les fleuristes– et créé de nouveaux marchés, comme l’entretien automobile et les services à la personne. La Recherche & le Développement sont dans l’ADN de ce système, qui cherche à préserver un avantage compétitif au franchisé face à un consommateur toujours plus difficile à capter et à fidéliser. Cela sera d’autant plus utile dans les prochaines années avec le défi du Cross Canal, car le franchiseur devra savoir intelligemment jouer de la complémentarité de son offre pour encore mieux répondre aux attentes du client », souligne Chantal Zimmer.

François Simoneschi, rédacteur en chef de La Référence Franchise


Chantal Zimmer en 9 dates

1985 : Chantal Zimmer devient déléguée générale de la Fédération Française de la Franchise

1987 : Création des Rubans de la franchise

1988 : La FFF obtient un règlement d’exemption européen pour la franchise

1994 : Création du World Franchise Council

1996 : Lancement de la recherche scientifique et création des Entretiens de la Franchise

1999 : Création d’un DESS « Management des réseaux de franchise »

2009 : Lancement de l’Académie de la franchise

2010 : 1re édition de la Semaine des Entrepreneurs Franchisés

2013 : La FFF compte 160 adhérents

Fiche Technique

Fédération Française de la Franchise

Déléguée générale : Chantal Zimmer

29 boulevard de Courcelles, 75008 Paris

Contacts :01 53 75 22 25


[1] Vente de matériel de jardinage

[2] Adopté le 30 novembre 1988 ; deuxième règlement en décembre 1999, troisième règlement en juin 2010

[3] Devenu la DGCIS : Direction Générale de la Compétitivité, de l’industrie et des Services