Il faut remettre une notion de partenaire permanent avec son banquier et son expert-comptable, fondée sur l’anticipation de l’évolution de l’entreprise et d’une communication régulière à travers des rencontres.
Il faut être proche de son banquier comme de ses clients, afin d’en faire un véritable partenaire. Ne serait-ce que pour anticiper les moments difficiles ou les opportunités heureuses.
Il faut désacraliser les relations avec sa banque.
« Le banquier est un commerçant, avec un engagement et des objectifs. Le franchisé ne doit pas hésiter à négocier avec lui, dont il est un client. Il faut ainsi le rencontrer régulièrement, pour expliquer le développement de son affaire, surtout aux moments où la trésorerie de l’entreprise est au maximum. C’est en particulier une bonne initiative d’aller le voir avec un projet, même minime, même si on ne le fait pas… Tous ces échanges permettent de sécuriser la relation avec le banquier, et de formaliser les conditions que ce partenaire vous a promis », affirme Alain Giraud, directeur du développement King Jouet.
« Il faut être proche de son banquier comme de ses clients, afin d’en faire un véritable partenaire. Ne serait-ce que pour anticiper un développement en multi ou pluri franchise », ajoute Patrice Matagne, président de ResoAgency (cabinet de conseil aux réseaux).
Le franchiseur peut aussi jouer un rôle dans la fluidification de la relation bancaire entretenue par ses franchisés, en intervenant indirectement sur leur trésorerie disponible.
« En amont, pour fluidifier la relation avec la banque, on développe une stratégie d’encaissement avec des règlements rapides. Nous travaillons ainsi avec des agences dédiées aux recouvrements avec des honoraires perçus sur les résultats, ce qui supprime l’affect dans cette opération. La tension sur la trésorerie est ainsi réduite de 30 à 40 000 euros. De plus, nous aidons le franchisé qui connait un passage difficile, en lui accordant des facilités de paiement pour la formation, les redevances ou d’autres actes rémunérés au franchiseur. On les accompagne également pour renégocier un prêt complémentaire avec leur banquier.
Le Crédit Agricole a acquis 25% de la tête de réseau, et cela rassure des banquiers qu’un grand établissement soit entré dans notre capital. De plus, selon une étude Xerfi, nos franchisés réalisent 2,4 fois le chiffre moyen (données 2011) d’un point de vente dans notre secteur, ce qui parle aussi aux banques dans l’analyse d’une prise de risques », souligne Guillaume Exbrayat, président de Diagamter.
L’expert-comptable peut être force de propositions pour le développement de l’affaire franchisée. A condition d’être tenu au courant des évènements majeurs de l’entreprise.
Pour un expert-comptable, réaliser les déclarations administratives, comme le paiement des taxes dans les délais impartis, est le minimum à exiger mais sa mission va bien au-delà.
« Comme un médecin généraliste, l’expert-comptable a une vision globale de l’entreprise, sous tous ses aspects, et est en mesure d’établir un diagnostic et donc d’être force de propositions pour le franchisé. Lorsque la situation nécessite des compétences complémentaires, il peut orienter vers le spécialiste adéquat : avocat, assureur, etc. Pour réaliser cette veille, il doit être informé de ce qui se passe dans l’entreprise et ne pas être appelé que pour résoudre des situations en urgence… Seulement quand le malade est mourant ! Il faut donc se donner les moyens de prévoir, avec un business plan réactualisé régulièrement – au moins tous les ans -, ainsi que des tableaux de bord sur l’activité du point de vente – par exemple, pour s’apercevoir si d’importants acomptes reçus ne masquent pas en fait des difficultés de trésorerie imminentes -. De plus, le franchisé doit voir son expert-comptable, échanger avec lui sur ses problématiques courantes, ses besoins, ses projets… bref, personnaliser le conseil. Par exemple, pour faire une simulation sur l’ouverture d’un second point de vente. Sans compter que des nouveautés fiscales apparaissent régulièrement, dont certaines peuvent profiter à l’entreprise. Comme pour le banquier, il faut remettre une notion de partenaire permanent basé sur l’anticipation et la communication dans le savoir-faire d’expert-comptable », insiste Olga Romulus, expert-comptable chez Fiducial.
François Simoneschi, rédacteur en chef de La Référence Franchise
Christophe Le Pallec (La Compagnie des Glaces)
« J’ai pris des cours de comptabilité »
« Comme je suis en flux tendu avec ma trésorerie, j’entretiens une relation très élémentaire avec ma banque. Je remplis les formalités exigées, je les préviens lorsque ma trésorerie entre dans le rouge, et je leur communique mon bilan comptable à la fin de l’année afin de les rassurer. Quand je bénéficierai de davantage de flexibilité et de souplesse dans ma trésorerie, la relation sera certainement plus régulière. Je n’ose d’ailleurs rien leur demander, par crainte de me voir opposer un refus. En créant mon entreprise, je pensais davantage être entouré. J’ai d’ailleurs pris des cours de comptabilité depuis deux ans, et ne m’appuie sur un expert-comptable que pour faire certifier mon bilan. Ce qui me permet de réaliser de sérieuses économies et de davantage comprendre les mécanismes de fonctionnement de mon affaire. »