L’envoi d’une fiche de candidature à un réseau est le premier contact avec le franchiseur. Cet acte engage déjà l’ensemble de la future relation avec l’enseigne. Il requiert réflexion, sincérité, crédibilité et personnalisation.
Dans ce premier contact écrit avec l’enseigne, chaque détail prend de l’importance. A commencer par une orthographe impeccable. Toutes les coordonnées doivent être indiquées avec précision. Si l’une d’elles manquent, la candidature ne sera logiquement pas transmise au franchiseur.
« Attention aux champs laissés sans réponse, comme l’apport personnel : ce n’est pas sain. Il faut installer la confiance et la transparence dès le tout début de la relation », avertit Maître Olivier Deschamps, avocat, associé du cabinet D, M & D.
Il faut également que le montant personnel soit le reflet de la réalité.
« Si vous avez rempli la fiche de candidature en deux minutes, le franchiseur sera en droit de se demander quelle est votre motivation réelle pour rejoindre son enseigne ! », insiste Christophe Bellet.
La confiance et la transparence, et par la suite l’estime mutuelle, sont la base de la relation entre franchiseur et franchisé.
Dans la description de votre parcours et de votre projet de création, vous devez permettre au franchiseur d’appréhender vos prédispositions professionnelles à exercer l’activité de l’enseigne, ainsi que la nature de votre savoir-être pour vous intégrer dans son réseau.
« Le candidat entrepreneur doit préciser sa capacité à l’entrepreneuriat, en montrant qu’il a fait le deuil de sa vie de salarié et en assumant sa prise de risques, notamment en termes financiers. Il valorisera aussi son expertise en termes de gestion, de management et d’organisation. Et capitalisera sur sa qualité de commerçant ou commercial, et sur sa notion de services, comme l’écoute du client. Bien sûr, si le questionnaire le prévoit... Il est impératif, s’il possède une connaissance particulière du secteur de l’enseigne, de le préciser, en sachant que ce n’est pas forcément un point rédhibitoire », souligne Christophe Bellet.
Le candidat peut aller droit à l’essentiel en utilisant un style télégraphique et en captant l’attention du franchiseur à travers des mots-clés matérialisant la quintessence de ses atouts.
« Il ne faut pas chercher à enjoliver la situation avec des expériences ou des expertises qui n’existent pas. Auquel cas, on perdra tôt ou tard en crédibilité vis-à-vis du franchiseur. De même, tout au long des échanges avec le réseau, le candidat ne doit pas être séduit ou en état permanent de « coup de cœur » sans se poser de questions… Il faut une dose d’affection dans cette relation, mais sans jamais perdre ni en lucidité, ni en curiosité », souligne Olivier Deschamps.
« La relation de séduction qui peut être présente dans les contacts entre franchiseur et candidat est un piège à éviter absolument afin que chaque partie puisse appréhender les forces et faiblesses de l’autre partie. Le candidat entrepreneur a tout intérêt à multiplier les contacts et les rencontres avec les enseignes pour acquérir une culture de la franchise. Il pourra ainsi, au fil de ses recherches, élaborer et mûrir son projet et comprendre les enjeux afin de se projeter dans sa future activité en réfléchissant aux situations posées par le métier et la vie d’entrepreneur en dehors des motivations génériques comme « le concept me plaît bien » ». Etre entrepreneur, c’est 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 !», confirme Pierre-Michel Cros, consultant en franchise et fondateur du cabinet Madère.
François SIMONESCHI
Rédacteur en chef La Référence Franchise
Auteur du « Guide complet de la franchise 2012 » (éditions L’Express)
« Attention aux motivations génériques ! »
« Dans une candidature envoyée à un réseau, le candidat entrepreneur doit pouvoir répondre à ces 3 questions : pourquoi créer une entreprise ? Pourquoi créer en franchise ? Pourquoi créer au sein de cette enseigne ? Le franchiseur doit voir au-delà des réponses génériques habituelles telles que « se réaliser » ou « devenir son propre patron », afin de bien comprendre les motivations profondes du candidat : recherche d’une position sociale, volonté de gagner de l’argent, le pouvoir de décider – qui reste limité en franchise, car confronté au respect du concept -, trouver une place par rapport à soi-même... L’objectif est de s’assurer de la bonne adéquation entre le projet proposé par le franchiseur et ce que veut vivre le franchisé ! Le candidat entrepreneur doit sortir du générique pour aller vers le spécifique.
Dès le premier contact téléphonique, et au fil des rencontres, le chargé de recrutement pour l’enseigne confrontera le candidat entrepreneur à ses projections afin de le ramener à la réalité. Ces entretiens permettent de déceler un problème en gestation dans la relation avec le franchiseur. Par exemple, si le candidat entrepreneur sort de son rôle de « développeur » pour venir sur le terrain du franchiseur en voulant revoir des éléments du concept ou bien intervenir sur la stratégie générale.
Le recrutement doit s’appuyer sur les compétences acquises par le candidat au cours de son expérience professionnelle, mais pas seulement. Un travail d’analyse des capacités et des traits de caractère permet de détecter dans une candidature le potentiel (ou non) à être entrepreneur.
La capacité entrepreneuriale est un critère trop rarement étudié. Il indique pourtant le futur comportement du candidat. Il y a ainsi des candidats-pépites qui se réalisent et réussissent en partant de leurs ressources internes et sans avoir l’expérience ! »