Mardi 19 mars 2024
L’ENCYCLOPEDIE PRATIQUE DE LA FRANCHISE
foule de franchisés


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leçon
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Qu’est-ce qu’implique le choix de devenir entrepreneur ?



L’entrepreneuriat est un formidable voyage auquel il faut se préparer aux niveaux financier, matériel, physique et psychologique. Pour réussir, le créateur d’entreprise doit notamment posséder certaines aptitudes indispensables et prendre conscience des difficultés de son métier.

La création d’une entreprise est un bouleversement comparable à la naissance du premier enfant dans un couple.

La création d’une entreprise implique un changement radical dans l’existence.

« C’est un choix de vie bien plus intense et marqué que changer d’emploi, et qui est comparable à celui d’avoir des enfants ou pas. Le monde va subitement changer ! Durant les 3 à 4 premières années d’une entreprise, on consacre tout son temps et son énergie à cette seule activité, comme on le fait pour un premier enfant. Presque de manière obsessionnelle. Impossible de créer sa boîte en dilettante, en conservant un poste de salarié, sauf au début peut-être ! Le créateur d’entreprise sait intuitivement qu’il y aura de la sueur et des larmes, mais il n’ose le visualiser. Il sera seul, détiendra 100% de son destin entre ses mains. Personne d’autre que lui ne pourra intervenir dans son projet, à part le marché », affirme Philippe Coste, coach d’entrepreneurs.

Ce choix aura également un impact sur la qualité de vie de l’entrepreneur et de sa famille.

« L’entrepreneur, qui ne parlait jamais de son travail à la maison quand il était salarié, aura maintenant de fortes chances de partager son expérience. Il dormira moins bien, aura une humeur plus instable, ne trouvera pas toujours les bonnes réponses vis-à-vis de son conjoint, verra sa journée marquée par des coups de feu avec un risque de perte de repères… De plus, il n’aura plus de stabilité dans ses horaires et travaillera souvent le week-end », indique Laurent Delafontaine, cofondateur du cabinet de conseil Axe Réseaux.

Devenir entrepreneur, c’est d’abord accepter de prendre des risques et d’entrer dans une nouvelle logique financière en termes de revenus.

En ces périodes de marché de l’emploi tendu, certaines personnes arrivent par défaut dans l’entreprenariat.

« Un licenciement peut agir comme un déclic, mais jamais comme une motivation. Il faut créer par envie. Et surtout accepter de prendre des risques financiers et quelquefois familiaux, car c’est aussi son proche entourage que l’on engage dans ce projet. Tout ne peut pas être verrouillé, même si l’on reprend une entreprise qui marche bien. On peut ne pas atteindre les objectifs initialement fixés, découvrir que le métier d’entrepreneur ne vous plaît pas, ou que l’on n’est pas aussi bon que l’on pensait. Etre entrepreneur, ce n’est pas juste se faire plaisir : c’est avoir bonne idée ou un bon concept, avec des clients existants ou potentiels, et a minima, gagner sa vie », souligne Pascale Pécot, consultante au sein d’Adventi Franchise.

La prise de risques sera aussi effective à travers la garantie prise sur des biens personnels ou sa santé.

« L’entrepreneur verra son confort de vie dépendant de revenus professionnels qu’il faudra d’abord reverser à ses collaborateurs, au remboursement de son emprunt, aux charges courantes, avant même de se rémunérer. Il ne doit pas raisonner qu’en termes de salaires. Il faut aussi considérer les avantages en nature, les résultats à la fin de l’année comme à moyen terme, la possibilité d’achat en SCI des locaux, la capitalisation sur le fonds de commerce, la préparation de sa retraite avec la loi Madelin… Il va pouvoir décider de ses revenus financiers, et ne plus dépendre d'un seul salaire», souligne Laurent Delafontaine.

Devenir entrepreneur, c’est également accepter à la fois une certaine solitude, et de nouvelles responsabilités vis-à-vis de ses proches comme de ses salariés. 

Devenir entrepreneur, c’est accepter une certaine solitude. Notamment dans la prise de décisions.

« Un salarié, quelque soit son niveau de responsabilité, est toujours entouré d’opérationnels voire d’experts au sein de sa société. En revanche, l’entrepreneur isolé n’aura pas toujours à disposition le bon interlocuteur vers lequel se retourner en cas de difficulté. Devenir entrepreneur, c’est aussi accepter de nouvelles responsabilités vis-à-vis de ses proches - incertitude sur la régularité des revenus – et vis-à-vis des personnes que l’on a embauchées, lesquelles comptent sur la performance du point de vente », explique Nathalie Dubiez, responsable de la stratégie de conquête sur le marché des Entreprises chez HSBC France

 « Etre entrepreneur, c’est fantastique, mais il ne faut jamais oublier que cela génère des obligations morales et financières. On est maître à bord à 25%, et le reste est constitué d’obligations, plaisantes ou non, et pas forcément désagréables », ajoute Fabienne Hervé, directrice-fondatrice de l’agence de communication FH Conseil.

L’entrepreneur est indépendant, mais jamais libre. Il décide de sa stratégie de développement et de sa vie, mais dépend de ses clients et de ses résultats.

Il faut bien se connaître avant de choisir de devenir entrepreneur, car c’est une aventure humaine forte, nécessitant endurance, courage, capacité d’anticipation et de délégation.

Un entrepreneur doit bien comprendre ses motivations.

« Un entrepreneur crée par besoin de reconnaissance, nécessité de subsister, volonté de liberté ou désir de transmettre un patrimoine. Il ne doit pas se mentir ! Pour résister aux obstacles, aux difficultés, aux moments du doute, et surmonter les déceptions… il doit vraiment savoir ce qu’il recherche et qui il est profondément. Pour analyser les événements en fonction de sa personnalité ! Cela donne de la confiance, permet de raisonner en termes de stratégie et protège des coups, qui font partie de l’entrepreneuriat », souligne Philippe Coste.

« Les créateurs d’entreprise ont très souvent un sens particulièrement développé du contact, une dynamique et une confiance en eux résultant de leurs parcours passé. Il leur est important notamment savoir apprécier les joies et les échecs à leur juste valeur. Par exemple,  en sachant se féliciter après de petites ou grandes victoires.  C’est en permanence délicat pour l’entrepreneur de conserver un certain  équilibre entre le « champs de tous les possibles » et l’« avancée vers l’inconnu », entre euphorie et chute de moral. Un des rôles de mon métier est de développer ce 'savoir-être' stable et pérenne», déclare Nina De Paula, coach d’entrepreneurs.

Le dirigeant de PME est en situation de contraintes choisies, et non subies comme pour un salarié.

Les dirigeants de PME, tout comme les salariés, sont soumis à 4  facteurs pathogènes majeurs : le stress, la surcharge de travail, l’incertitude et la solitude. Mais à des degrés plus importants.

« Par exemple, les patrons travaillent 65 heures par semaine, contre 55 heures pour les cadres supérieurs, selon une étude de la DARES. Ils sont davantage sujets à éprouver leur santé mentale ou aux cas de burn out. Mais tombent-ils tous pour autant comme des mouches ? En fait, les dirigeants de PME sont en situation de contraintes choisies, et non subies comme pour les salariés. Et cela change tout ! Trois facteurs salutogènes, c’est-à-dire favorisant la bonne santé, ont été mis en évidence pour les dirigeants de PME : la conviction de maîtriser son destin, l’endurance (ou hardiness, la capacité de rebondir après un échec) et l’optimisme. Or, il s’agit là de caractéristiques correspondant au système de valeur des entrepreneurs !», explique Olivier Torrès, professeur à l'Université de Montpellier et à l'EM Lyon, et fondateur d’Amarok, l’observatoire de la santé des dirigeants de PME. 

François SIMONESCHI
Rédacteur en chef La Référence Franchise

Hubert Koch
CONSEIL D'EXPERT

Hubert Koch, fondateur-dirigeant de la société de conseils Suto
« Ecrire très rapidement le scénario de son futur »
 

« Devenir entrepreneur, c’est une quête de la responsabilisation : tous ses actes auront des conséquences sur l’entreprise et il faudra toujours préserver l’intérêt de ses partenaires et ses clients. Le créateur d’entreprise, sera-t-il capable de porter cette responsabilité ? C’est pourquoi il doit écrire très rapidement le scénario de son futur dans un projet d’entreprise, clair et précis, qui lui permettra de prendre des décisions en fonction d’où il veut aller et emmener son entourage.

On devient souvent entrepreneur pour un souhait secondaire – prise d’une dimension sociale, air du temps, volonté de capitalisation… - mais on en oublie la raison première : quel est son projet de vie ?

Cela facilitera le choix d’une enseigne en franchise, car les engagements réciproques avec le franchiseur devront correspondre au projet d’entreprise, notamment en termes financiers. »

S'IL NE FALLAIT
RETENIR
QUE 3 CHOSES
leçon n°1
  • L’entrepreneuriat est un bouleversement tel dans l’existence, qu’il faut s’attendre à perdre la plupart de ses repères.
  • Devenir entrepreneur, c’est accepter de prendre des risques et d’entrer dans une autre logique financière en termes de revenus. 
  • Un dirigeant de PME résiste à des facteurs pathogènes majeurs tels que le stress, la surcharge de travail, l’incertitude et la solitude, car il est en situation de contraintes choisies, et non subies comme pour un salarié.